L'ALTERNATIVE




/ Projet participatif spontané pour la ville de Marseille Capitale de la Culture 2013 / Marseille, France / 2013 / Avec : AïeArchitectes, Ida + Bruno, Make ItHappen / en partenariat avec MARSEILLE2013 OFF /

Marseille, quelle capitale?

Marseille, deuxième ville de France, est une des 30 villes les plus importantes d’Europe par sa taille et son nombre d’habitants. En devenant Capitale Européenne de la Culture en 2013, elle se mesurait officiellement avec les autres grandes métropoles d’Europe et bénéficie d’une attention accrue. Pourtant sa place dans l’itinéraire culturel européen n’est pas celle de Paris, Londres, Berlin ou Rome. Ces villes sont le berceau de la mondialisation et de la culture majeure ; le pouvoir s’y concentre et les tendances internationales y naissent, pour irriguer ensuite toutes les autres villes.
Marseille était la 29ème ville d’Europe à bénéficier de la reconnaissance de Capitale de la Culture, s’inscrivant dans le deuxième temps d’une institution d’abord marquée par la forte présence des villes majeures. Depuis 2000, c’est le temps des capitales alternatives, moins connues mais qui offrent un tout autre potentiel : celui de la surprise et d’un état d’esprit différent, qui à l’heure de la mondialisation peut encore s’affirmer.

C’est dans cette dynamique que Marseille aurait pu s’inscrire. Historiquement, elle n’a jamais été une de ces villes de tête ; frondeuse, elle a souvent contesté le pouvoir central. Marseille est une ville fondée sur la stratification d’identités minoritaires, qui lorsqu’elle valorise ce potentiel, devient un terrain propice à l’apparition d’une scène artistique alternative, comme cela est arrivé à l’époque de l’émergence de la scène hip-hop marseillaise.
La force de la ville réside dans sa multiplicité - et il serait dommage de penser que l’effet Guggenheim puisse mieux valoriser Marseille que ne pourrait le faire une scène d’avant-garde, d’une taille adaptée à son public et ouverte aux influences internationales.
On peut comparer Marseille à des villes telles que Rotterdam ou Hambourg qui ont su trouver dans la valorisation de la créativité un essor culturel et économique qui est aujourd’hui indissociable de leurs identités, uniques.

Pourquoi jouer le jeu des premières villes lorsqu’on est soi-même historiquement le berceau de la contre-culture?
Dès 2013, Marseille devra se rappeler pourquoi Louis XIV tourna jadis ses canons contre elle. Marseille devra à nouveau représenter la culture alternative

À la veille de 2013, la ville restait pourtant sous-équipée en lieux culturels, et ceux-ci géographiquement déséquilibrés : concentrés sur le centre, ignorant la majorité du territoire urbain. Il fallait à Marseille un vrai réseau pérenne pour accueillir la culture alternative sur tout son territoire.
Car Marseille est une ville-territoire, ancrée dans un site géographique remarquable, faite de quartiers aux identités si fortes qu’on les identifie comme des villages. C’est par eux que la ville se confronte à son immense et unique géographie qui est son plus grand patrimoine. Pour que la ville de Marseille resplendisse à nouveau par ses hauts faits, des interventions et des événements culturels d’actualité, avant-gardistes et progressifs, devront se répartir sur ce territoire pour activer la ville et secouer les lieux les plus inattendus, en complément de ceux qui existent déjà. Marseille devra utiliser ses atouts urbains pour servir la culture, sa culture.

L’Alternative, réseau urbain d’équipements, utilise le territoire marseillais pour faire le relais des cultures contemporaines.

Quatre équipes de jeunes architectes locaux et européens proposent dix-sept équipements pour former l’Alternative, un réseau de sites urbains identifiés pour leurs potentiels géographiques et stratégiques. Ayant pour motivation d’attirer l’attention sur des sites délaissés ou peu valorisés, l’Alternative choisis des lieux, sur terre ou sur mer, pour proposer les structures d’accueil d’une culture alternative. Chaque équipement répond à une triple problématique : locale, ludique et culturelle. Tous les équipements sont flexibles et peuvent accueillir de multiples programmes, à toute heure. Certains comblent des vides, d’autres transforment les particularités d’un lieu en architecture, d’autres encore jouent avec la temporalité des infrastructures. Certains sont des icônes, d’autres restent cachés. Ce sont des pavillons, des parcs, des jardins, des liens, des montagnes, des grottes.
Ils partagent un langage commun, celui de la Culture marseillaise Alternative.


Marseilles, what capital?

Marseilles is the second city in France, and one of the 30 most important in Europe by size and number of inhabitants. By becoming European Capital of Culture in 2013, it officially measured up with Europe’s other large cities and benefits from increased attention. However, its place in Europe’s cultural itinerary is clearly not comparable to those of Paris, London, Berlin or Rome. These cities are the cradle of globalization and mainstream culture ; power and international trends are born there, that later flood all other cities.
As the 29th city in Europe to benefit from the title of Capital of Culture, Marseilles is fitting right in the second era of an institution which was first marked by the strong presence of major cities. Since 2000, the trend has switched to lesser known, alternative capitals, which offer another kind of potential : one of a different, surprising state of mind which can still emerge at the times of globalization.

It is in that dynamic that Marseilles must find its place. Historically, it never was a leading city ; rebellious, it often contested the central authority
Marseilles is a city based on strata of minorities, which, when it values that potential, becomes a conductive environment for alternative culture, like shown at the times when hip-hop culture emerged.
Indeed, the strength of the city is to be found in its many faces – and it would be a shame to believe that another attempt at the Guggenheim effect could give better value to the city than a proper avant-garde scene, sized for its public and open to international influences.
After all, Marseilles can be compared to cities like Rotterdam or Hamburg, harbor cities of rough reputations, which have found cultural and economic growth in valuing creativity, which in turn has become linked with their unique identities.

Why play the game of leading cities while having been historically a cradle of counter-culture?
From 2013, Marseilles will have to remember why Louis XIV once turned his guns against the city.

Marseilles must once again represent an alternative culture.
Just prior to 2013, the city was still under-equipped in cultural places, and the ones that existed were often concentrated around the city center, leaving most of its urban territory neglected.
Marseilles needed a true perennial network to host alternative culture on its territory.
As city-territory, Marseilles is anchored in a remarkable geography, made out of districts whose strong identities have them known as villages. Through them, the city confronts its immense and unique geography, which is its most valuable heritage. For the city of Marseilles to shine once again by its heroic deeds (as in the city’s motto), progressive and avant-garde contemporary cultural events must spread all over that territory to activate the city and shake the most unexpected places, in addition to those that already exist. Marseilles will have to use its urban assets to serve culture, through its culture.

L’Altervative, an urban network of amenities, utilizes Marseille’s territory to relay contemporary cultures  
Four teams of young local and European architects propose seventeen projects to make l’Alternative, a network of urban places that have been identified for their geographic and strategic potential. Aiming at drawing attention on these abandoned or low-value sites, l’Alternative focuses on sites, on land or on sea, to offer structures to accommodate an alternative culture. Each project is an answer to three criteria : local, recreational and cultural. All facilities are flexible and can host diverse programs at any time. Some fill voids, some transform the specificity of a site into architecture, some others make use of the temporary aspect of infrastructures. Some are icons, some stay hidden. They are pavilions, parks, gardens, links, hills, grotto.

They share a common vocabulary, that of Marseille’s alternative culture.


1 . GOLIATH
CALMA (WANFK)
Le Goliath offre un espace d’exposition, une scène ouverte, un phare d’observation, une terrasse avec son camion à pizza, un mur d’escalade, un terrain de pétanque, des toboggans, un trampoline et maintes activités ludiques sur les plages du Prado, en formant de sa masse une arche qui encadre et magnifie la célèbre statue du David.
Goliath is an exhibition space, an open stage, an observation tower, a terrace with its pizza truck, a climbing wall, a pétanque ground, a trampoline, toboggans and many other recreational activities on the Prado beaches, while framing the famous statue of David.
2 . MAMA  
CALMA (WANFK)
La route qui mène à Notre Dame de la Garde, petite sœur de la Gineste et de la route des Crêtes, nous rapproche de la rigoureuse géographie marseillaise. On y voit lentement cheminer un petit train remplis de touriste. Mais ne serait-ce pas le rêve secret de nombreux marseillais qu’elle ne devienne un circuit automobile pour Le Grand Prix de Marseille?
The road leading to Notre Dame de la Garde, a smaller version of local hill roads Gineste and route des Crêtes, brings one closer to the rigorous Marseilles landscape. A tourist train is often seen riding slowly uphill, filled with tourists. Isn't it a local dream to see it turn into a Formula One circuit for the Marseilles Grand Prix?
3 . STRAOUSS
Situé sur la place Paul Ricard (ou virage Zidane), Straouss est un pur accélérateur de potentiels. Mêlant une galerie d’exposition Street Art, un lieu de performances ainsi qu’une brasserie, cet hybride programmatique enroulé sur une rampe géante est l’accélérateur de culture quotidienne de la Corniche. Il permet aux Marseillais de stimuler leurs esprits en descendant au Vallon des Auffes.
Located on the place Paul Ricard (also known as the Zidane turn), Straouss is a true potential enhancer. Mixing a Street Art gallery, a place for performing as well as a brewery, the program hybrid, wrapped around a giant ramp is the Corniche’s daily culture booster. It allows the marseillais to stimulate their minds on their way to the Vallon des Auffes.
4 . 4PLACES
IDA + BRUNO
4Places est une réflexion sur l’espace de la porte d’Aix pour des usages plus dynamiques. Une ombrière/espace d’exposition en extension du marché, des pelouses, des gradins, une scène encaissée protégée des nuisance sonores, un lieu propice à des représentations et danses urbaines, un espace de jeux pour s’asseoir, sauter, s’amuser...
4Places is a reflection on the Porte d’Aix square, towards more dynamic uses. A shading structure/ exhibition space that acts as an extension to the market, green lawns, bleachers, a stage protected from noise pollution to host contemporary spectacles, a playground to rest, jump around, just have fun...

5 . PRAIRIE
CALMA (WANFK)
Le quartier de La Plaine est l’un des plus fourmillants de Marseille, plein de vie et d’initiatives. On y chercherait juste un peu plus de fraîcheur en été, un endroit pour s’allonger à l’ombre avec un bon livre : un parc, des arbres, un bassin. La place de Jean Jaurès est une grande réserve d’espace non utilisée. Voici enfin la Prairie de cette dense forêt urbaine.
The district of La Plaine is one of Marseille’s most vibrant, always full of life and initiatives. It is just missing a bit of fresh air in the summer, somewhere to lay in the shade with a good book, like a park with trees and a pond. The Jean Jaurès plaza is a great reserve of unused space : at last, here’s a Prairie in the dense urban jungle.
6 . ANSE
Anse est un point de rencontre protégé et dynamique jouxtant le parc du XXVIème centenaire : une terrasse, une scène, un bar et une galerie, animé tout au long de la journée et de la nuit.
Anse is a protected and dynamic meeting point facing the parc du XXVIème centenaire : a terrace, a podium, a bar and a space for exhibition and performing, open all day and all night.
7 . TROIS F
Au croisement des axes Nord/Sud et Est/Ouest, 3F (les 3 fenêtres) inocule un maximum de potentiels et amplifiera la pratique des lieux. Au programme, des studios de musique, un musée d’ Art contemporain et une auberge de jeunesse, réunis autour d’un patio «jardin» géant où les marseillais peuvent s’en donner à cœur joie. Le rond-point du Prado retrouve sa place primordiale au sein de la cité phocéenne, devenant un haut lieu de la vie marseillaise.
At the meeting point of Marseilles’ main axis, 3F (3 Frames) gathers maximum potentials and enhances the squares’ uses. A program for recording / rehearsal studios, a contemporary art museum and a youth hostel, gathered around a giant garden / patio for the Marseillais to enjoy. Le Prado roundabout finds back its prime localization in the city, becoming a highlight of Marseillaise life.
8 . ROCHART
La Calanque, emblème du patrimoine naturel marseillais et stimulateur d’envie, détournée de sa forme originale afin d’offrir de nouvelles formes de perception de l’art : pieds nus dans le sable, voire en nageant.
The Calanque, an icon of Marseille’s territorial heritage and stimulator of dreams, diverted from its original form to offer new ways to perceive art : bare feet in the sand, or even swimming.



9 . CINETEMPS
Sur un terrain où les investisseurs ne se sont pas encore essayés, un cinéma de foin avec monts pour arrière-plan. Contemplatif, on se dit qu’à Marseille finalement la nature n’est jamais bien loin mais que la ville ne semble pas en vouloir.
On a ground still foreign to investors stands a hay cinema with hills for a background. One can only wonder : in Marseille nature is never far away but the city never seems to want it.
10 . ROCAILLE
À Marseille, le sport est patrimoine ; à Marseille, les délaissés font rage.
Sur l’échangeur Florian en chantier, nous voulons du sport en friche, valoriser un territoire en mutation, initier un projet en deux temps déployant un panel de mini-équipements itinérants amenés à s’agréger en un équipement pérenne et structurant.
In Marseille, sport is heritage ; in Marseille, wage war on waste lands.
On the Florian exchanger, still under construction, we want urban sport and culture, to value a transforming territory, to introduce a project in two phases, displaying a panel of temporary projects, jointly forming a long-lasting urban-culture venue.

11 . ETAFLORE
Une tour botanique, vitrine de la flore méditerranéenne, présentoir pour compétitions de taille et œuvres végétales, dont les dispositifs architecturaux permettent promenade au cœur de l’installation et approche des essences présentées pour aboutir sur une plate-forme d’observation en partie supérieure.
A botanical tower, a showcase for vegetal masterpieces displaying Mediterranean flora, whose architectural interface allows a promenade in the heart of the structure to come close to the presented species and arrive at an observation terrace at the top.
 
12 . FRAIGIDERE
Une arène bâtie de peu, dont les contours sont érigés à l’aide de matériaux glanés et d’objets du quotidien recyclés (réfrigérateurs), à même d’accueillir différents type d’événements en plein-air.
An arena made out of little, whose outlines are shaped by recycled materials found around the site and daily objects such as fridges, that can host various open-air events.
13 . MIROIR 
Un trompe l’œil digital ou sculpté, projeté en sous-face du tunnel et figeant le paysage de surface. Installation intemporelle montrant le dessus en dessous sous forme d’arrêt sur image, là ou la ville se résume à rouler vite tout en consommant frénétiquement.
A digital or sculpted sham, projected on the under face of the tunnel, freezing the landscape on the surface. A temporary installation that shows the top on the bottom, forming a frozen image where the city’s only meaning is driving and consuming fast.
14 . TOTEM  
A la croisée des chemins, là d’où l’on voit mais où on ne peut accéder, un totem signalétique, enseigne de l’Alternative, afin d’imprimer les rétines et de vendre, non pas des chaussures ou un déodorant mais plutôt de l’architecture.
At the crossroads, from where one sees but can’t reach, a signage totem for l’Alternative stands for all to see and promote not shoes nor deodorant but rather architecture.
15 . INFERNAL TOBOGGAN  
Les marseillais réinvestissent la digue du Large. Au menu, chichi, sardinades, pêche, pétanque, bains de mer, contrées et galéjades. Pour symboliser le retour de la ‘Digue loisirs’ et replacer ce site portuaire hors-normes au centre des débats, un grand toboggan en équilibre entre deux grues du port autonome, une installation à la fois ludique et spectaculaire, entre mer et machines.
The marseillais are claiming back the offshore dike, la Digue du Large. The menu is : chichi, sardines, fishing, sea baths, card games and good jokes. To symbolize the fun-dike’s come-back and bring this harbor site back as a topic of discussion, a great toboggan spanning between two of the harbor’s cranes, a recreational spectacular installation between sea and machines.

16 . RADEAU 
CALMA (WANFK) sur une idée de M+C Architectes
Le Radeau est la deuxième chance d’une plate-forme pétrolière de mer du Nord mise en vente pour 1€ symbolique. Mobile dans la rade de Marseille, elle abrite une structure artistique de grande échelle : concerts, workshops, résidence d’artistes...
The Raft is a second chance for a Northern off-shore rig, sold for a symbolic amount of 1€. As a mobile floating space, it hosts a place for arts of great scale : concerts, workshops, artists studios and residences.
17 . ROTONDA
CALMA (WANFK)
Rotonda est un lieu de conférence flottant dans le port du Frioul. Ce pavillon de bois dont la toiture est ouverte en son centre, s’ouvre et se ferme grâce à des rideaux blancs pour ressembler à une lanterne flottante lors des utilisations de nuit.
Rotonda is a space for talks, floating in the Frioul port. The wooden pavilion, whose roof is open in the center, opens and closes with white curtains to become a floating lantern when used at night.